Chapitre 2

 

Et me voilà de nouveau à Béthély. Différente, Béthély, et inchangée. Où tout a commencé, du moins pour Lisbeï. Où tout finit, du moins pour Lisbeï : elle y repose auprès de Tula, maintenant. Auprès de Selva, de Mooreï, d’Antoné. Kélys, non. Kélys est morte il y a une quarantaine d’années, quelque part entre Béthély et Wardenberg où elle n’est jamais arrivée. Elle avait insisté pour voyager seule. Elle possédait toujours son don de persuasion : on l’a laissée partir. Elle campait au bord de l’Arhône ; on n’a jamais retrouvé son corps. À sa dolore, Lisbeï a dit avec raison : « C’était une pérégrine, elle a disparu en voyage, comme elle l’aurait sans doute voulu. » On a pleuré Kélys, bien sûr. Mais à soixante-dix années, ou environ, elle avait eu une vie très longue et pleine jusqu’au bout. Elle avait bien mérité la paix d’Elli.

Lisbeï ne pensait sans doute pas que sa vie à elle serait encore plus longue de quarante années. Elle était fatiguée, vers la fin. Sa crainte première, survivre à Tula, s’était réalisée. Elle avait survécu aussi à Guiséia, à Toller et à toutes ses amies de Wardenrberg. Tout ce qu’elle craignait, maintenant, c’était de survivre aussi à Yémen. Ce ne sera pas le cas. À cinquante années, Yémen n’a presque pas de cheveux blancs. Elle a fait des enfantes, et presque toutes vivantes, et beaucoup de garçons, longtemps. C’est une de ses filles, Chanale, que Cynria a choisi il y a près de vingt années pour lui succéder comme Capte de Béthély, selon la nouvelle Charte de la Famille. Mais elles ne savent pas, ses enfantes, qu’elles sont les petites-filles de Lisbeï. Personne ne le sait plus, que moi. Pendant longtemps je n’ai pas su si elle l’avait dit à Toller et à Guiséia. Lors de leurs séjours à Béthély, ni l’une ni l’autre n’y ont jamais fait allusion, en tout cas. Et en fait, je n’en suis pas vraiment sûr, même avec les carnets de Lisbeï.

Nous remontons lentement le chemin qui va du champ des mortes à l’Esplanade Sud. Les petites Vertes et les jeunes Rouges chantent ; les petits Verts aussi ; les Bleues et les Bleus se joignent de temps en temps aux chants, mais elles sont pensives. Avec Lisbeï, c’est toute une époque qui disparaît pour Béthély, une époque dont elle était la seule représentante encore en vie. Le soleil se couche, un de ces couchers de soleil à paysages fantastiques comme elle les aimait. Je ne suis pas vraiment triste en pensant à elle. Elle a vécu assez longtemps pour imaginer bien des histoires et même en voir se réaliser. Les Bleus aux Assemblées et même les Rouges – de justesse, l’année dernière à Baïanque. Les sœurs en Elli du continent Ouest – qui n’avaient jamais entendu parler d’Elli et ne veulent pas toutes en entendre parler, mais on apprend, des deux côtés on apprend. Et la Décision qui a mis fin aux recherches sur la réfrigération – pour le moment.

Pas l’ouverture des Grandes Mauterres. Mais cela, comme en font foi ses carnets, elle ne l’espérait pas. Elle ne le souhaitait même pas. Elle avait compris bien des choses. Ou sinon, pourquoi m’aurait-elle confié ses carnets, à moi ? Quelques jours avant de mourir, elle m’a montré le coffre où ils étaient empilés et elle m’a dit : « C’est pour toi, Cheire, inutile d’attendre. Tu écris quelque chose sur les Filles de Garde, je crois ? »

Et j’ai dit « Oui », bien sûr, en manifestant tout l’étonnement et la gratitude triste requises. Elle m’a souri, pensive, ma vieille, si vieille Lisbeï. Était-elle dupe ? L’a-t-elle jamais été ? Je ne sais pas. Je ne les aurai jamais, puisque même dans ces carnets elle ne dit pas clairement ce qu’elle pense de moi. C’est ma punition, si vous voulez. Ma punition, de feuilleter ces pages, et d’y rencontrer çà et là ces paragraphes soigneusement rendus illisibles, ces lignes noires où elle a décidé de montrer en dissimulant. Cela a commencé dans les Mauterres, alors qu’elle attendait Yémen, le soir même de la conversation qu’elle avait eue avec Kélys, après cette phrase isolée sur une page : Me serais-je entêtée à comprendre, s’il n’y avait eu ce pouvoir muet des lignes noircies, dans le carnet de Garde ? Même occultée, la vérité n’a pas disparu. D’autres viendront, qui essaieront de voir, et sans doute verront.

Elle ne pouvait cesser d’écrire dans son journal, bien sûr – l’habitude de toute une vie. Et à vrai dire, elle a surtout noirci dans les pages relatant ses deux derniers mois à Béthély, et celles du début des Mauterres. Une fois sa décision prise, dans les Mauterres, elle a presque tout de suite été habile à l’évocation impersonnelle, ambiguë – révélatrice pour qui en sait assez, innocente pour les autres qui la prendront, au pire, au sens figuré… Comme « Ma fille, sa fille » ; ou ses considérations sur la grossesse ou la maternité, toujours liées à celles de Tula.

Et elle m’a confié ses carnets. À moi.

Nous revenons vers les Tours, vers la Tour Ouest. Les changements ne sont pas de ceux qui affectent les pierres. Ils sont dans les cœurs, dans les esprits. Dans les Verts qui s’éparpillent pour retourner avec les Vertes dans leurs Tours. Dans cette Bleue et ce Bleu qui repartent ensemble en carriole pour la Ferme du Plateau. Ils sont dans les corps, même si les corps les ignorent encore. Dans Chanale qui s’appuie sur moi, les yeux cernés. Dans ses enfantes.

Dans des dizaines d’autres à Béthély, des centaines, des milliers d’autres ailleurs.

La Tour Ouest. Chanale s’éloigne pour voir au souper. Nous nous dispersons aux étages où se trouvent nos chambres, nous, les collègues de Lisbeï, ses presque disciples aussi, des « Filles de Garde » – et des « Fils » – venues de tout le Pays des Mères pour assister à sa dolore et à sa mise en terre. Je me retrouve au quatrième, mes pas me portent vers la Bibliothèque et la petite salle du conseil où l’histoire de Lisbeï a commencé : où, il y a si longtemps, j’ai rencontré Selva.

Oui, décidément, il y a trop de souvenirs pour moi à Béthély, je n’aurais pas dû y revenir. Ou je devrais modifier ma mémoire, la rendre moins nette. Je le ferai peut-être. Nous le pouvons, n’est-ce pas ? Des manipulations biochimiques bien simples… Mais je sais bien que je ne le ferai pas. Je n’ai pourtant plus vraiment besoin de mes souvenirs maintenant que ce récit se termine. Une fois qu’il sera entre vos mains, j’aurai à vous parler plutôt de l’avenir, à vous convaincre qu’il est temps pour vous aussi d’y entrer. Autrefois, lors de mes premières tentatives, j’avais rassemblé des piles et des piles de données, des chiffres, des statistiques, des descriptions objectives. J’ai perdu ces illusions – j’en ai eu le temps. Il est temps que vous perdiez les vôtres. J’espère qu’être avec Lisbeï un moment, être Lisbeï, vous convaincra plus que tous les dossiers que j’avais constitués. Je les ai conservés – juste au cas où l’émotion des faits ne suffirait pas et où vous me réclameriez leur logique. Y en a-t-il encore parmi vous pour les croire opposées ? Mais je vous fournirai les deux, si vous insistez.

La salle du conseil. Il ne devait y avoir personne à cette heure-là, c’est pour cela que je l’avais choisie pour installer les nouveaux senseurs. Un travail rapide, j’entre, j’installe, je ressors, ni vu ni connu. Mais quand j’entre, il y a Selva qui pleure en silence en faisant semblant de lire. Et je n’étais plus si logique, déjà, à cette époque-là. Et elle me raconte tout, cette petite Selva de quinze ans – elle était vraiment à bout de solitude, pour se confier ainsi et sans même s’étonner de le faire : elle ne me connaissait pas. Mais elle avait tellement peur, voyez-vous. De la Danse, de son Mâle, de ce qui allait se passer lors de cette première Célébration où elle serait la Mère. C’était l’époque de Cémmélia. Il n’y avait pas eu d’Antoné pour l’aider, cette petite Selva. Mooreï…Mooreï se remettait de la mort de sa compagne Jetta, et Cémmélia était de toute façon trop possessive : elles n’avaient pas encore eu le loisir de bien faire connaissance. Selva était vraiment toute seule – et Loï à Cartano, qui ne répondait pas à ses lettres ! Et ce Mâle… À Béthély, à cette époque-là, la nouvelle Mère n’était même pas censée voir son premier Mâle avant la Célébration. Elle l’avait entraperçu parce qu’elle avait deviné ce qu’étaient ces nouvelles arrivantes reçues par Cémmélia avec tant de raideur : de nouveaux arrivants. Elle avait utilisé le passage secret entre le troisième et la Bibliothèque pour venir épier ce qui se passait dans le bureau de la Mère. Il était vieux, ce Mâle de Callenbasch ! Il avait l’air… fatigué, il sentait… peut-être méchant – « il sentait » : elle ne savait comment le dire autrement.

J’étais seulement de passage, deux ou trois jours. Mais j’ai décidé d’aller voir ce Callenbasch de plus près. Et en discutant avec lui, en sentant sa lassitude, sa terreur, et, oui, la possibilité d’une cruauté, je me suis dit que je ne pouvais laisser cette histoire-là arriver. Pas encore une petite Rouge saccagée, et une des miennes en plus, même si c’était la deuxième génération depuis mon dernier passage à Béthély. J’ai décidé de rester au lieu de retourner à Angresea tout de suite. Et j’ai pris la place d’Erne auprès de Selva la nuit, en commençant par la toute première nuit – le pauvre bougre, il était si facilement assommé par la drogue qu’il n’aurait sans doute pas pu Danser de toute façon, la terreur de Selva l’aurait fait fuir en hurlant, la belle Célébration qu’on aurait eue là ! Vous voyez, j’avais plusieurs raisons très logiques de faire ce que j’ai fait. Mais je n’essaierai pas de prétendre qu’elles l’emportaient sur l’autre, sur les autres. Sur la solitude de Selva, ma solitude à moi, ma lassitude. Et mes remords, si vous voulez. Mes regrets, pourquoi pas, je vous l’accorderai. La question n’est plus là depuis longtemps. Le fait est que vous aviez raison en partie et que Garde avait tort en partie. Et moi, après avoir eu tort à votre façon, j’ai décidé d’avoir raison à la sienne : ne plus seulement les observer, ces gens du « Dehors ». Aller vivre avec elles, avec eux, comme elles et comme eux. J’y ai passé moins de temps que Garde, cependant. J’ai triché. Rester ici ou là une, deux, dix années, mais toujours repartir, aller ailleurs, recommencer. Je veux croire que c’est ce qui m’a permis de conserver ma santé mentale un peu mieux qu’elle, bien que ce point soit sujet à discussion. Mais moi aussi j’avais mon plan. Pas le même que le sien, bien entendu ; il n’y avait d’ailleurs plus grand perfectionnement à y apporter compte tenu des modifications ma foi assez heureuses que Haller et Ari y avaient apportées. Pardon : « Hallera », « Ariane »… mais quelle importance. Le Pays des Mères avait la taïtche, et la Danse, et l’agvite, quelque chose se déclencherait bien quelque part une fois que les « bons » gènes entreraient dans le circuit.

Et c’est ainsi que c’est arrivé avec Selva, mais pour une fois je ne l’avais pas prémédité. J’ai altéré la Tapisserie : je n’en étais plus à un fil près après une centaine d’années d’altérations systématiques, n’est-ce pas ? Après mes Angresea et la catastrophe que je prévoyais pour Toller et Guiséia malgré tous mes efforts, c’était rafraîchissant d’aider cette petite Selva qui commençait, ce pauvre Erne qui aurait tant voulu en finir. Je n’avais pas prévu qu’elle se prendrait d’affection pour l’Erne de ses nuits, serait si déroutée par celui de ses lendemains matins. J’ai essayé d’atténuer sa déception autant que je l’ai pu. J’ai recommencé à préméditer, aussi – la force de l’habitude. C’était un terrain favorable, cette petite Selva. Pas aussi raidement traditionaliste que sa mère – prête à beaucoup pour ne pas être comme sa mère. Lisbeï est née… Et il a fallu que je retourne à Angresea parce que Yolde était morte ! Évidemment, à mon arrivée, Guiséia avait déjà réglé le problème. Voilà une de mes enfantes qui n’a jamais eu besoin de moi ! Qui ne m’a jamais beaucoup aimé non plus, d’ailleurs. Parlez-moi de la voix du sang ! Je n’ai pas eu de chance avec celles que j’ai suivies de près – davantage avec les garçons. Antoné est tombée amoureuse de moi ; Lisbeï… a fini par se méfier un peu, ou du moins a-t-elle pris une certaine distance. Mais je n’allais pas me faire aimer, ou désaimer, de force, n’est-ce pas ? Mettez cela aussi, si vous y tenez, au chapitre de mes punitions.

Je pensais ainsi à Selva, à Lisbeï, à tous ces fils entremêlés, devant la table de la salle du conseil avec ses vieux graffiti gravés dans le bois, quand j’ai senti une présence derrière moi : Yémen. Si semblable à Lisbeï – si différente.

Quand je l’ai tenue dans mes mains, toute couverte de sang et de mucus, quand j’ai perçu sa lumière (oui, j’ai fini par employer ce terme, moi aussi), quand je l’ai examinée, je me suis dit que voilà, c’était arrivé, j’avais réussi. J’ai failli arrêter là le manuscrit, empaqueter toutes mes affaires et revenir à Bois-du-Lac pour vous mettre la réalité sous le nez. Mais je voulais davantage de certitudes. Ce pouvait encore être une autre Sylvane. J’ai attendu. Et attendu. Prié ? Non, Antoné et Mooreï le faisaient à ma place. Lisbeï aussi, sans doute, quelquefois. Et la petite a grandi, une de plus. Et rien ! La « Maladie » à la puberté, comme nous, mais à peine une journée, à peine le coma ! J’ai commencé à espérer. Que mon péché m’était remis, diront plusieurs d’entre vous. Si vous voulez. Mais pouvais-je prévoir qu’elles avaient divergé à ce point à l’Extérieur, que l’introduction systématique de mes gènes aurait cet effet-là ? J’avais pourtant si bien choisi mes sept Familles reproductrices… À vous en croire, la mutation était même censée avoir disparu, à l’Extérieur ! Si on avait cru Garde quand elle affirmait le contraire… et si elle n’était pas allée se laisser mourir sur ce bûcher, prisonnière de sa propre histoire, à moitié folle, sans qu’on levât le petit doigt pour l’en empêcher… Si tous ces si avaient tourné autrement, je n’aurais pas grandi dans une maison où son nom était frappé d’anathème, je n’aurais pas perdu tout ce temps ensuite à observer l’Extérieur sans rien faire, j’aurais agi plus tôt et avec moins de préméditation, j’aurais peut-être fait moins d’erreurs, et moins de gens auraient souffert. Vous voyez, je sais comment renvoyer la balle de la culpabilité.

Sur la chaise qui était celle de Lisbeï lorsqu’elle assistait aux réunions du conseil restreint, Yémen s’est assise, à côté du grand fauteuil de la Capte, celui de sa fille pour encore quelques années, sans doute. Elle a les yeux rougis d’avoir pleuré. Lisbeï lui a légué le collier bleu et rouge, et sa loupe. Et une phrase, qu’elle m’a demandé de lui transmettre. J’ai donné la loupe et le collier à Yémen en arrivant. La phrase… C’est un aussi bon moment qu’un autre pour une offrande. Je m’assieds près d’elle, je lui prends la main. Nous partageons la lumière en silence. Au bout d’un moment, je lui dis : « Avant de mourir, elle m’a demandé de vous dire que vous avez toujours été sa préférée. »

Dans leur réseau de rides, les yeux mordorés de Yémen se remplissent de larmes à nouveau mais elle fait un effort et les larmes retournent avec obéissance dans leur conduit lacrymal. Elle ne s’en rend même pas compte, comme elle ne songe pas à la facilité avec laquelle guérissent ses petites égratignures ou même ses blessures plus graves. Pour elle, comme pour toutes les Filles de Garde, et les Fils, et leur entourage, cela va de soi. Avec la sensibilité accrue à autrui, c’est maintenant l’un des bénéfices connus et attendus de la survie à la Maladie. J’espérais davantage de Yémen, je l’avoue : Lisbeï était parvenue à activer elle-même en partie ses capacités, sans aide extérieure, comme nous (mais je ne sais pas exactement quel rôle a pu jouer Toller dans le processus, cette nuit-là, au sommet de la Tour ; je dois réserver mon jugement). J’espérais beaucoup de Yémen : je ne me suis donc pas du tout immiscé dans son évolution, contrairement à celle de Lisbeï ou des jumeaux d’Angresea. Mais à part l’intensité de sa lumière, la rapidité avec laquelle elle guérit et sans doute sa longévité, Yémen est très normale. Elles sont toutes très normales, ces Filles de Garde, et leurs frères (après tout, c’est un terme approprié, n’est-ce pas ?), leurs frères aussi. Mais je n’attendrai pas plus longtemps. Je ne vous laisserai pas ignorer plus longtemps le Pays des Mères. Elles ont changé, elles changent, elles changeront. Et il est temps que vous changiez aussi, dans les Mauterres.

Yémen, ayant maîtrisé ses larmes, me sourit avec affection. « Elle vous aimait beaucoup aussi, Cheïre. » Elle touche mes cheveux crêpelés, ma joue noire : « Vous lui rappeliez Kélys. Elle me l’a dit souvent. Vous étiez son élève préféré. »

Je murmure « je sais », en baissant la tête, mais c’est parce qu’elle ressemble tellement à Lisbeï tout à coup que c’est à peine supportable. Je dois être plus fatigué que je ne le pense. Yémen doit le sentir. Elle se lève, cette femme que l’âge commence quand même à ralentir un peu, cette femme bientôt vieille qui était si petite entre mes mains quand elle est née. Elle me passe un bras autour des épaules, elle dit : « Vous êtes fatigué, mon petit. Il faut aller dormir. » Elle me pousse avec douceur vers la porte, elle m’accompagne dans le couloir, à pas lents, maternelle, Yémen, la fille de Lisbeï et de Toller, la fille de mes enfants, la fille des arrière-petits-enfants de Garde.

 

FIN

Chroniques du Pays des Mères
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